Translation: The Mother Tongue of a Future Society? Traduction: la langue maternelle de la société à venir?
Boris Buden There
are not many concepts within cultural theory today, which could claim as much
importance as the concept of "cultural translation". A great deal of its
popularity is actually based upon the belief that cultural translation could help
us to pacify dangerous cultural conflicts or even prevent threatening wars of
cultures. In fact, it tackles the phenomenon of cultural hybridization and thus
opens the perspective of a new trans-national culture, which transcends the
multiculturalist vision of the world as a cluster of different cultural
identities. The problem is, however, that this vision doesn't allow for a new
type of trans-national political subject. It reduces the utopian potentiality
of translation to a mere cultural horizon.
The
crucial question is, therefore, whether we can make use of an idea of translation,
which doesn't simply take place between "different cultures", nor in
a "third space" of their cultural hybridization, but beyond the very boundary
between cultural and social. More concretely, the question is, whether the idea
of translation can provide a ground for a new type of social and political
subjectification, which transcends the model of representative democracy still
exclusively confined to the political framework of nation-state.
An answer to this question, as we believe, should be searched for in connection
with theories of the multitude, i.e. of new forms of social subjectification,
which occur under the paradigm of post-fordist modes of production. It can help
us to finally break the deadlock of culturalization/depoliticization, to which
the concept of cultural translation has hitherto been doomed. ----- Il existe peu de
concepts, au sein de la théorie culturelle d’aujourd’hui, qui puisse revendiquer
autant d’importance que celui de la « traduction culturelle ». Une
bonne partie de sa popularité se fonde sur la conviction que la traduction
culturelle peut contribuer à pacifier les conflits culturels dangereux, voire à
prévenir les chocs des cultures qui nous menacent. En fait, elle tend à privilégier
le phénomène d’hybridation culturelle, ouvrant ainsi la voie à une culture
transnationale capable de transcender la vision multiculturaliste du monde
considéré comme un conglomérat d’identités culturelles différentes. Le problème
toutefois, c’est que cette vision est incapable de conduire à un nouveau type
de sujet politique transnational. Elle réduit les potentialités utopiques de la
traduction à un horizon purement culturel.
La question
cruciale porte donc sur la possibilité d’utiliser un concept de la traduction
qui ne se situe pas simplement « entre les différentes cultures », ni dans le « troisième
espace » de leur hybridation culturelle, mais au-delà de la frontière même
entre le culturel et le social. Plus concrètement, la question est de savoir si
l’idée de traduction peut offrir un terrain favorable à un nouveau type de
subjectivisation sociale et politique, susceptible de transcender le modèle de
démocratie représentative encore exclusivement confiné au cadre politique de
l’Etat-nation.
La réponse à
cette question, à notre avis, doit être cherchée en relation avec les théories
de la multitude, c’est-à-dire des nouvelles formes de subjectivisation sociale
qui interviennent dans le cadre du paradigme des modes de production post-fordiens.
Cela pourrait nous aider, en fin de compte, à briser le schéma réducteur de la culturalisation/dépolitisation,
auquel le concept de traduction culturelle était jusqu’à présent contraint de
se soumettre.
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