Europa ist ein ziemlich autistisches Projekt. Das einzige Andere, das es sich immer noch vorstellen kann, ist ein leeres Außen, eigentlich eine willkürliche Projektion seiner eigenen Grenzen. Wie im Fall eines autistischen Kindes, das nicht über die Fähigkeit verfügt, etwas aus der Perspektive einer anderen Person zu betrachten, kann Europa sich nicht in jemand anderes Situation versetzen. Das Narrativ, auf das es sich gründet, ist nichts anderes als der Monolog seiner eigenen Geschichte der (R)evolution. Es erlaubt niemand anderem, dazu Stellung zu nehmen. Die Sprache, die seine epochale Mission ausdrücken soll, basiert auf routinemäßig eingelernten Phrasen über die so genannten europäischen, westlichen Werte und ähnelt einer altmodischen ideologischen Propaganda. Selbst wenn es mit der Außenwelt – mit der Welt seines (inneren) Außen – spricht, kommuniziert oder interagiert Europa nicht wirklich mit dieser Welt, als ob sie nicht real oder wahr wäre, sondern reine Fantasie ihrer selbst.
Es ist nicht Aufgabe der (kulturellen) Übersetzung, eine sofortige Lösung für die Probleme der europäischen Integration zu liefern, sondern den allgemeinen Autismus des Projekts selbst radikal zu durchbrechen. Sie muss die am meisten gefürchteten und deshalb unterdrückten Wahrheiten in das Konzept von Europa einbringen: vor allem das verstörende Erbe seiner kolonialen Vergangenheit, die subversive Bedeutung seiner postkolonialen Gegenwart und die weitreichenden Konsequenzen seiner transnationalen Perspektive. Die Aufgabe liegt darin, den Größenwahn einer allmächtigen und selbstgenügsamen Kultur, die Europa zu sein vorgibt, in das zu übersetzen, was sie wirklich ist, nämlich eine arme, autistische Politik der Angst vor dem Neuen und Unbekannten – natürlich um diese radikal zu verändern.
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Europe is quite an autistic project. The only otherness it can still imagine is an empty outside, in fact an arbitrary projection of its own limits. As in the case of an autistic child lacking the ability to see things from another person’s perspective, Europe is unable to put itself into another’s shoes. The narrative it is based on is nothing but a monologue on its own (r)evolutionary history giving no one else an opportunity to comment. The language supposed to articulate its epochal mission relies in fact on phrases learned by rote about so-called European, western values, resembling an outmoded ideological propaganda. Even if it talks to the outside world – to the world of its (inner) outside – Europe doesn’t really communicate or interact with it, as if this world were nothing real or genuine but a sheer fantasy of its own.
The task of (cultural) translation is not to offer an instant solution to some of the problems of European integration but to radically disrupt the general autism of the project itself. It must integrate the most feared and thus the most neglected truths, above all the disturbing legacy of its colonial past, the subversive meanings of its postcolonial present and the far reaching consequences of its transnational perspective, into the very idea of Europe. The task is to translate the megalomania of an omnipotent and self-sufficient culture, which Europe claims to be, in what it really is, a poor autistic politics fearful of the new and unknown – of course, in order to radically change it.
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L’Europe est un projet passablement autiste. La seule image de l’autre qu’elle se borne encore à imaginer est un extérieur vide, une projection arbitraire, en fait, de ses propres limites. Comme c’est le cas pour un enfant autiste, privé de la capacité de voir les choses sous le même angle que les autres, l’Europe est incapable de s’imaginer à la place de quelqu’un d’autre. Le discours sur lequel elle se fonde n’est pas autre chose qu’un monologue à propos de sa propre histoire et de ses (r)évolutions, ne laissant à personne d’autre l’opportunité d’émettre un avis. Le langage censé exprimer sa mission historique se fonde en réalité sur des phrases toutes faites à propos de prétendues valeurs européennes ou occidentales, aux allures de propagande idéologique d’un autre âge. Même si elle s’adresse au monde extérieur - le monde de son extérieur à elle – l’Europe n’entretient réellement avec lui ni communication ni interaction, comme si ce monde n’avait aucune substance ni aucune réalité et n’était qu’une pure création de l’esprit.
La tâche de la traduction (culturelle) n’est pas de proposer une solution instantanée aux problèmes de l’intégration européenne, mais de rompre l’autisme généralisé du projet lui-même. Elle doit permettre de réintégrer à l’idée même d’Europe les vérités les plus redoutées et, de ce fait, les plus volontiers négligées et, en premier lieu, l’héritage encombrant de son passé colonial, les significations subversives de son présent postcolonial et les conséquences incalculables de sa perspective transnationale. Sa mission est de traduire la mégalomanie d’une culture omnipotente et auto-suffisante, telle que l’Europe la renvendique, en ce qu’elle est vraiment, une triste politique autiste, terrorisée par la nouveauté et l’inconnu – dans le but, bien évidemment, d’initier un changement radical dans ce domaine.