Polture and Culitics

Des perspectives politiques de la traduction culturelle

Conférance, 12 octobre 2006, 18.30
Boris Buden: Translation: The Mother Tongue of a Future Society? / Traduction: la langue maternelle de la société à venir?
Maison de l'Europe de Paris
35, rue des Francs-Bourgeois  F-75004 Paris
(en coopération avec Transeuropéennes et le Collège international de philosophie,
Séminaire 'Traduire entre les cultures', Ghislaine Glasson Deschaumes)


Atelier

Paris, 12-14 octobre 2006
(En coopération avec Transeuropéennes et la maison de l'Europe, Paris)

La raison pour laquelle nous sommes fascinés par l’idée de traduction culturelle est évidente : elle offre une nouvelle vision de l’identification culturelle, qui promet d’éviter le fameux « choc des cultures ». Dans le paradigme du culturalisme libéral, la traduction culturelle est censée améliorer toutes sortes d’interactions culturelles et amortir le traumatisme de la confrontation entre les différences culturelles. Comprise comme le synonyme d’un dialogue sans exclusive entre les cultures, elle est supposée assurer leur cohabitation pacifique et, finalement, réconcilier le particularisme culturel avec l’universalisme politique de l’ordre démocratique contemporain. En remettant en question la foi multiculturaliste dans l’originalité des identités culturelles, la théorie post-coloniale s’est appuyée sur la notion de traduction pour conceptualiser un nouvel espace d’hybridité culturelle – synonyme de traduction culturelle – au-delà de la logique binaire de l’échange culturel, espérant ainsi saper le fondement même du conflit entre les cultures. Le problème, avec ces deux concepts, c’est qu’ils identifient rétroactivement les différences culturelles comme la cause première des conflits sociaux et politiques d’aujourd’hui. On peut donc se demander si, effectivement, ils peuvent être de quelque secours dans des situations telles que l’affaire des caricatures ou les émeutes de la banlieue parisienne. La jeunesse française des banlieues a-t-elle vraiment donné libre cours à sa violence parce qu’elle manquait de compétence culturelle ? Les musulmans, un peu partout dans le monde, se sont-ils vraiment sentis offensés par les caricatures danoises parce qu’ils étaient mal informés sur le caractère hybride de leur propre culture autant que de celle de leurs offenseurs prétendus ? Enfin, faut-il vraiment accepter la dictature toute-puissante de la culture, telle que nous la concevons actuellement, comme l’horizon ultime de notre pensée politique ?
Plutôt que de considérer trop hâtivement le concept de traduction culturelle comme la solution obligée des problèmes politiques de notre temps, mieux vaudrait l’appréhender comme un problème en soi, et s’interroger sur la généalogie du concept et sur ses motivations politiques cachées. Aujourd’hui, c’est ce concept même de traduction culturelle qui a désespérément besoin d’être traduit en langage politique.

Kien Nghi Ha, Berlin: Crossing the Border? Hybridity as Late-Capitalistic Logic of Cultural Translation and National Modernisation
Rada Ivekovic, Stockholm: The General Desemantisation. Global Language and Hegemony
Suzana Milevska, Skopje: Not Quite Bare Life: Ruins of Representation
Yann Moulier Boutang, Paris: Cultegration and Bordoom : New Frontiers of Democracy in the EU
Anne Querrien, Paris Moving, caring, creating, through translation in France
Simon Sheikh, Copenhagen: A War of Words: A Review of Muhammadgate
Françoise Vergès: The future of slavery in France

Modération:
Hito Steyerl, Berlin
Stefan Nowotny, Wien

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